20 mai 2024

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Kim Gordon et Gus Van Sant : “Aux États-Unis, la situation est hors de contrôle”

C’est un border collie nommé Burroughs qui nous accueille devant le portail, à Los Feliz, dans la partie orientale – la moins clinquante et la plus charmante – des collines d’Hollywood. Son chien, fait-on remarquer à Gus Van Sant, a les mêmes yeux, d’un bleu perçant, que ceux de Messi, la star d’Anatomie d’une chute – un film qu’il nous dit avoir aimé et que Kim Gordon, qui nous rejoint quelques minutes plus tard, nous confie avoir mis tout en haut de son top 10 l’an dernier. L’ex-chanteuse de Sonic Youth n’est pas venue les mains vides et offre à son vieil ami un vinyle de son dernier album, The Collective, dont elle vient d’assurer la promotion ces dernières semaines.

Le réalisateur d’Elephant vient lui aussi de terminer un round promotionnel, pour la deuxième saison de la série anthologique Feud, produite par Ryan Murphy et consacrée aux trahisons de Truman Capote. Tous·tes deux sont donc encore dans l’énergie du partage mais plus relax qu’auparavant. C’est ainsi le moment idéal pour interviewer, ensemble, ces deux idoles des Inrocks, qui vivent désormais à Los Angeles, et même à quelques pâtés de maisons – Kim Gordon depuis qu’elle a quitté Thurston Moore et leur maison du Massachusetts circa 2015 ; Gus Van Sant depuis qu’il a progressivement abandonné son berceau de Portland il y a une dizaine d’années pour se rapprocher du soleil et de l’industrie.

À 71 ans (neuf mois les séparent), tous·tes deux ont puissamment façonné l’esthétique de leur art respectif et porté très haut le flambeau de l’intégrité artistique. Mais de façon presque opposée. Si l’une n’a eu de cesse de chercher la dissonance et la friction (portée par une immarcescible radicalité), l’autre incarne au contraire la labilité et la douceur absolues (servi par une capacité caméléonesque à se fondre dans le paysage tout en restant lui-même). Même leurs timidités s’expriment différemment : légère tension contre nonchalance, rires nerveux contre sourire en coin. En cette fin de matinée ensoleillée, le propriétaire des lieux — une belle petite maison mid-century, sans extravagance — nous installe sur sa terrasse, d’où l’on peut voir le Griffith Observatory si l’on tourne la tête à droite, le panneau Hollywood si l’on regarde à gauche. Et nous partons pour deux heures de conversation, sous la garde rapprochée de Burroughs. 

Vous vous connaissez depuis quand ?

Gus Van Sant — On s’est croisés à une exposition pour la première fois en 2000, je crois.

Kim Gordon — Cinq ans plus tard, tu m’as proposé de jouer un petit rôle dans Last Days [film inspiré des derniers jours de la v



2024-05-07 16:57:18

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Image source : lesinrocks.com ©

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